La famille Bonduelle dirige toujours cette entreprise plus que centenaire

Le champion mondial du légume, né sous le Second Empire, est toujours aux mains de la famille Bonduelle. Largement préparée en amont, la transmission à la septième génération est engagée depuis quelques mois.

 

Christophe, Benoît et Jean-Bernard Bonduelle, représentants de la sixième génération de la famille.

                                              Christophe, Benoît et Jean-Bernard Bonduelle, représentants de la sixième génération de la famille. (Jean-Paul Guilloteau/Express/REA)

Bonduelle, dont l’origine remonte à 1853, a réussi l’exploit de traverser les siècles et de demeurer un groupe familial, avec un capital élargi à plusieurs centaines de membres de la famille. Pourtant, le géant légumier a connu bien des vicissitudes depuis Napoléon III, jusqu’au plan de redressement triennal adopté il y a quelques semaines.

Cette pérennité familiale est le fruit d’une stratégie réfléchie, structurée, contre vents et marées du quotidien. Et malgré un élargissement permanent de la famille au gré des générations. « Comme dans les familles du Nord, on fait beaucoup d’enfants, ça fait beaucoup d’actionnaires ! », sourit Christophe Bonduelle, actuel président de Bonduelle. C’est sous son pilotage qu’une réorganisation majeure est opérée en 1995.

Plus de 600 actionnaires familiaux

La sixième génération de Bonduelle est arrivée aux commandes de l’entreprise entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. « Nous étions trois familles, celles de Félix, mon père, Bruno et Jean-Marie, à organiser la pérennité. Mais nous partions avec seulement 17 % du contrôle familial », raconte Christophe Bonduelle. Il propose alors aux actionnaires familiaux un passage en commandite par actions (SCA) contre une promesse d’introduction en Bourse et donc de liquidité.

Dans une SCA, les commanditaires cèdent la gestion aux commandités. « C’était purement verbal, mais 90 % ont accepté de donner le contrôle total », se souvient Christophe Bonduelle, qui rappelle aussi la contrepartie de ce changement de statut : en droit, les commandités sont solidaires sur leurs biens propres.

La société Pierre et Benoît Bonduelle, du nom des grands-parents, est créée, avec quinze commandités à l’époque. Près de trente ans plus tard, ils sont cinquante (hors conjoints), qui résident aux quatre coins de la planète. En s’endettant, en capitalisant, leur part au capital est remontée à 32 %, assortie de 45 % des droits de vote, par un jeu de vote double.

Les commanditaires, eux, seraient désormais entre 600 et 800 membres de la famille, mais ont vocation à sortir au fil des ans, dans le cadre d’un pacte familial global qui empêche les cessions massives. Le mouvement a déjà été largement engagé : leur part au capital est descendue de 45 % à l’époque à 20 % aujourd’hui, tandis que le flottant en bourse représente désormais 37 % du capital. Le reste est détenu en autocontrôle.

Cultiver l’« affectio familiae »

La présence en Bourse, sujette aux fluctuations au jour le jour, peut paraître contradictoire avec la vision à long terme de Bonduelle. « Le jour de notre introduction, j’ai dit que la Bourse ne nous ferait jamais dévier de notre temps long. On n’a pas la hantise du quarterly report ni le regard fixé sur le cours », répond Christophe Bonduelle. Même si la cotation du groupe aux 2,371 milliards de chiffre d’affaires pour 10.400 salariés est descendue de son plus haut, de 45 euros en 2017, à… moins de 7 euros aujourd’hui.

« On est vraiment dans le temps long, confirme Jean-Bernard Bonduelle, administrateur du groupe et coprésident de Family Business Network Hauts-de-France. Dans les entreprises familiales, l’enjeu est que l’entreprise soit transmise au fil des générations : avoir des résultats, même s’il y a des hauts et des bas, mais aussi faire que la volonté existe, cultiver l »affectio familiae’. »

Ce travail d’acculturation et de tissage de liens dans le temps passe, chez Bonduelle, par deux réunions par an, mais aussi des voyages, des visites et une newsletter. Sept administrateurs familiaux gèrent ces sujets en se répartissant les rôles d’animation autour de la fiscalité, la communication, les voyages, etc. Au-delà, la famille organise aussi des « moments de respiration, pour que les gens ne soient pas enfermés dans une volière », selon le mot de Christophe Bonduelle, permettant ainsi quelques sorties ponctuelles.

La transmission est quant à elle engagée en douceur. Le holding de contrôle Pierre et Benoît Bonduelle est présidé depuis quelques mois par un membre de la septième génération, Félix Bonduelle, 31 ans, par ailleurs cofondateur de la start-up Javelot, une agritech spécialisée dans le monitoring du stockage de céréales. « Cela s’inscrit dans le temps. Il est important de se donner cinq, dix, quinze ans en traçant la route », considère Christophe Bonduelle, qui souligne cependant l’extrême volatilité de la fiscalité en France.

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