La « Family Business Nation », le modèle pour une croissance durable
OPINION. En 2017, la « Start-Up Nation » a insufflé un nouvel élan à l’économie française, en mettant en lumière le dynamisme des jeunes entreprises. Aujourd’hui, alors que les entreprises évoluent dans un contexte de guerre des talents et d’instabilité politique, économique, sociale, fiscale et environnementale, le « Family & Business Forum » poursuit son engagement à fédérer un écosystème et à promouvoir un modèle économique qui se distingue par sa vitalité et sa résilience : l’entreprise familiale.
Propice à créer du sens et de l’engagement, établie dans les territoires et guidée par une vision à long terme, l’entreprise familiale se distingue par sa stabilité, son engagement ESG, son ancrage local et sa capacité à concilier tradition et innovation. Soutenir et valoriser ces forces, s’assurer de créer un environnement propice à son développement sont essentiels pour garantir sa pérennité.
Un modèle économique vertueux
Les entreprises familiales représentent la majorité des entreprises en France – 68% des PME, 63% des ETI et 57% de grands groupes ; elles constituent 60% de la valeur ajoutée et plus de 60% des emplois en France, ce qui montre leur rôle essentiel dans notre économie.
Face aux crises et aux bouleversements politiques et économiques, elles font preuve d’une robustesse et d’une réactivité remarquées. Leur actionnariat stable et leur gouvernance incarnée leur permettent de s’ajuster et se transformer face aux nouvelles réalités du marché et de saisir les nouvelles opportunités.
Bien sûr, elles ne détiennent pas pour autant la « formule magique » de la pérennité ou de la performance continue, elles doivent aussi passer par des décisions douloureuses afin de pouvoir mieux envisager l’avenir comme l’actualité l’a illustré récemment. Ces moments difficiles montrent aussi leur capacité de résilience et les attentes qu’elles suscitent dans leur environnement.
Grâce à leur vision à long terme, elles investissent dans la recherche et le développement, modernisent leurs processus et adoptent les nouvelles technologies tout en préservant les savoir-faire et savoir-être traditionnels.
Dans bien des cas, ce souci du long terme les pousse aussi à intégrer dans leur modèle les enjeux de transition climatique ou sociale.
Enfin, leur ancrage local contribue non seulement au développement du « Made in France » mais aussi à la stabilité et au développement d’écosystèmes partout où elles sont présentes, en France et dans le monde entier, au bénéfice des parties prenantes – collaborateurs, clients, fournisseurs, parfois d’autres actionnaires – fédérées par ce modèle porteur de sens.
La transmission, un enjeu de souveraineté économique
Afin de capitaliser durablement sur ces atouts, la France fait face à un défi de taille : faire grandir ses PME et accompagner le développement de ses ETI. Actuellement, la France compte seulement 5 600 ETI, à comparer à 12 000 en Allemagne et 8 000 en Italie. La transformation des PME en ETI prend en moyenne 21 ans et nécessite un soutien et un accompagnement importants.
Les entreprises familiales jouent un rôle essentiel dans cette dynamique de transformation. En France, compte tenu de leur poids dans l’économie dans l’ensemble des régions, elles contribuent significativement à l’emploi, à l’innovation, à la compétitivité et au redressement de notre balance commerciale. Par ailleurs, généralement inscrites dans le modèle du capitalisme des parties prenantes, elles prennent une part active aux transitions sociétales en cours. Il est essentiel de les aider à grandir et de faire en sorte d’éviter que le moment clé de la transmission intergénérationnelle ne fasse peser un risque sur la pérennité de ces aventures et donc sur leurs écosystèmes.
Soutenir la « Family Business Nation », une priorité sociétale
Pour assurer la vitalité de nos économies locales, nationales et européennes, il est crucial d’accompagner le développement des entreprises familiales. Il faut également poursuivre les efforts d’incitation des dirigeants à inscrire dès l’âge de 50 ans le sujet de la transmission à leur agenda. 25% des dirigeants ont plus de 60 ans et 75% d’entre eux n’ont pas encore initié de processus, alors qu’on estime qu’il faut entre 7 et 10 ans, et parfois bien plus, pour mener à bien une transmission.
Sanctuariser le Pacte Dutreil qui permet de modérer les droits de succession en contrepartie de l’engagement des actionnaires à conserver l’entreprise ou créer un indicateur de suivi des transmissions de la même manière qu’il existe un suivi des créations et des faillites par exemple, contribueront à replacer la France en meilleure position sur l’échiquier de la transmission en Europe.
Dans cette optique, il est nécessaire de mettre en œuvre une politique globale de la transmission, d’informer et fédérer l’écosystème de la « Family Business Nation » associant les experts, les conseils, les partenaires, les chercheurs, les acteurs publics… qui agissent auprès de ces organisations et de leurs décideurs et œuvrent collectivement à la réussite de ces aventures entrepreneuriales.
Les entreprises familiales doivent être valorisées pour leur contribution essentielle à l’emploi, à la souveraineté économique, à la préservation des savoir-faire français et à la responsabilité sociétale des acteurs économiques. En reconnaissant l’entreprise familiale, ce modèle économique capable de conjuguer tradition et modernité, local et global, stabilité et innovation, performance et responsabilité, dans sa croissance et sa pérennité, nous pouvons agir, ensemble, pour son succès et pour notre avenir.
Qu’attendons-nous pour ériger la « Family Business Nation » en grande cause nationale?